Née en 1908 dans le Haut-Rhin, Andrée Sulzer s’investit  d’abord dans les mouvements de jeunesse juifs, puis, après son mariage avec Tobie Salomon, elle participe à l’action de plusieurs organisations humanitaire juives. Elle participe à l’aide aux réfugiés juifs allemands après la « nuit de cristal ». À partir de 1939, son histoire devient celle de l’OSE. De Montpellier à Marseille, puis sur tout le territoire, elle organise le sauvetage des enfants juifs. Sous l’occupation, puis, elle organise le service social de l’OSE. Elle émigre en Israël en 1970. Elle décède à Jérusalem en 1985.

Mots clés : Œuvre de secours aux enfants (OSE), 2ᵉ guerre mondiale, Éclaireurs israélites d’Alsace, WIZO, Amitié chrétienne, camps d’internement, Gurs et Rivesaltes, Joseph Weill, Quakers, réseau Garel, Elisabeth Hirsch

Andrée Sulzer est née le 25 mai 1908 à Grussenheim (Haut Rhin) de Jonas Sulzer et Marie Geismar, familles juives, installées en Alsace depuis le XVIIème siècle. Elle  entre à l’école supérieure de jeunes filles de Colmar, puis devient en 1924 secrétaire de Jacques Fonlupt, avocat à Strasbourg. Elle s’investit très tôt dans les mouvements de jeunesse juifs. Cofondatrice, avec Robert Gamzon, et Frédéric Hammel des Eclaireurs Israélites de France en Alsace (1928), elle est aussi membre de la Jeunesse Sioniste (Hatikva). Elle épouse en 1931, Tobie Salomon, ingénieur des pétroles, lui même très investi dans les milieux sionistes.

Dans les années trente, Andrée s’initie au travail social à travers plusieurs organisations, la Caisse de bienfaisance israélite de Strasbourg et l’Organisation des femmes sionistes (WIZO). Elle participe à la fondation avec le Dr Joseph Weill du Merkaz hanoar, la maison des jeunes de la communauté israélite de Strasbourg. La montée du nazisme est très perceptible de l’autre côté de la frontière et les jeunes très tôt mobilisés. En 1937, la Caisse centrale de l’Est est créée pour venir en aide aux réfugiés juifs allemands, Andrée y est responsable des départs pour la Palestine. Après la Nuit de cristal en novembre 1938, elle obtient un visa collectif pour accueillir au pont de Kehl et à la gare de Strasbourg les enfants juifs envoyés par l’orphelinat de Francfort. De cette époque datent ses premiers contacts avec l’œuvre de secours aux enfants (OSE) de Paris qui l’aide à obtenir d’autres visas d’entrée pour des enfants qui sont regroupés en 1939-1940 dans la colonie de Bourbach (Vosges), qu’elle dirige. Ils sont évacués à la Bourboule sur mandat de la préfecture du Bas-Rhin comme réfugiés, tandis que le couple se retrouve à Clermont-Ferrand où sont repliées l’université et l’Ecole du Pétrole de Strasbourg.

A partir de là son action se confond avec celle de l’histoire de l’OSE, tendue vers le sauvetage des enfants. Elle devient la femme au « turban », cette coiffure haute à la mode de l’époque : « Un port de reine, une allure de souveraine, cette jeune femme charmante avait l’âme d’un chef. Un cœur sensible, une merveilleuse fidélité en amitié. Elle tenait sa place sans ostentation, savait assigner son rôle à chacun, remettre en place si cela s’avérait nécessaire. Les mots sont démesurément petits pour évoquer cette grande dame ». Ainsi, est-elle décrite par son ami Raymond Heymann. Après avoir pris contact avec les organisations de bienfaisance d’Alsace repliées à Périgueux, elle devient responsable de l’action sociale de l’OSE installée  à Montpellier. Son travail est immense.

Comme Joseph Weill qu’elle introduit à l’OSE, elle se retrouve impliquée dans le travail social à l’intérieur des camps d’internement de la zone sud, sollicitée par René Hirschler, grand rabbin de Strasbourg, nommé en 1941, aumônier général des camps et secrétaire général de la commission centrale des organisations juives d’assistance. Responsable des équipes d’assistance, elle est chargée de recruter les jeunes volontaires internées, forme les équipes qui organisent la vie sanitaire, matérielle et morale des familles internées. Et c’est ainsi qu’elle recrute pour le camp de Gurs, Ruth Lambert et Dora Werzberg, et pour celui de Rivesaltes Vivette Hermann, future femme de Julien Samuel, Jacqueline Lévy et Simone Weil-Lipman.

Avec Joseph Weill, elle imagine les fameux « congés non libérables » qui permirent de faire sortir des camps non seulement des enfants, mais également des adultes. Elle-même s’occupe des liens avec les préfectures pour obtenir les certificats d’hébergements obligatoires pour les enfants sortis des camps, en particulier la préfecture de l’Hérault et celle de Perpignan. C’est ainsi qu’elle put sortir 48 enfants du camp de Gurs pour les accompagner elle-même à la maison des pupilles d’Aspet (Haute-Garonne). Aucun de ces enfants ne parlait français ; quant au directeur de la maison, Mr Couvot, il ne savait pas un mot d’allemand.  De même l’Abbé Alexandre Glasberg à la tête de l’ « Amitié chrétienne » met à la disposition des jeunes filles juives allemandes sortis par l’OSE, la maison du Touring Hôtel à Vic-sur-Cère.

A la faveur de la libération progressive des enfants internés dans les camps de zone Sud, l’OSE reçoit 1408 demandes d’émigration vers les Etats-Unis émanant soit des enfants eux-mêmes soit des parents, mais seulement un enfant sur dix a quelque chance de pouvoir quitter la France. En effet, il est nécessaire de franchir trois obstacles, de trouver trois visas, un pour le départ de France, un pour transiter par l’Espagne ou le Portugal, un enfin pour arriver à New York.

A Marseille, c’est Andrée Salomon qui prépare conjointement avec les Quakers protestants, les dossiers individuels des 310 enfants juifs étrangers qui auront la chance de partir. Ils sont regroupés dans les maisons de la banlieue marseillaise comme celle de Vert-Plan à Mazargues, dirigée par l’Amitié chrétienne, ou encore le château de Montgrand, ouvert par le consul du Mexique. Le 1er convoi part le 31 mai 1941 de Marseille (101 enfants dont 71 de l’OSE) en train vers l’Espagne puis Lisbonne. Elle emmena elle-même un groupe à la frontière espagnole. Ce fut un travail considérable nécessitant de multiples énergies et qui s’arrête en novembre 1942, avec l’occupation de la zone sud par les Allemands. « Je me souviens d’une émotion de dernière heure pour 3 enfants atteints de la gale que nous avions cachés évidemment, mais nous avons dû faire admettre les enfants clandestinement à l’hôpital pour un « brossage curatif » et d’autres incidents plus graves où on a considéré au dernier moment que la grande sœur était trop proche de 15 ans et devait avoir une autorisation du ministère de l’Intérieur et devait donc s’en retourner dans sa maison d’enfants, déçue et en pleurs. »

Préoccupée par la formation des jeunes filles qu’elle recrute souvent au sein du mouvement des Éclaireurs israélites, Andrée Salomon met en place un cours de formation d’assistantes sociales à Marseille au centre de l’OSE avenue d’Italie. Il doit   fermer ses portes, juste après son ouverture sur ordre du préfet, au motif que « les assistantes que l’OSE essaimerait à travers la France pourraient facilement être tentées de s’adonner à des menées  antinationales. »

A la veille des rafles d’août 1942, et grâce aux efforts des organisations juives et non juives, il ne reste plus un enfant dans les camps d’internement. Les déportations massives deux mois plus tard obligent à un autre type de travail. Voici  ce qu’elle écrit dans ses mémoires : « Quand vinrent en automne 1942, les terribles journées de déportation de juifs étrangers, nous avons fait appel à un réseau plus large d’aide, cheftaines, d’éclaireuses ou autres, auxquelles nous avons donné des instructions sommaires pour connaître les exceptions à faire valoir devant les commissions de déportation ou  commissions de criblage. Faire valoir une exception, cela voulait dire ne pas partir dans le convoi, donc avoir une chance de survie, parce que pendant ce temps, on pouvait toujours se sauver. Je  me souviens qu’une de mes camarades Solange Zitlenok (future responsable de la région de Toulouse du circuit Garel) était venue me rejoindre à Marseille pour que je l’instruise rapidement au sujet des exemptions. Nous dormions dans le même lit. J’étais à bout de forces et je me suis endormie au milieu d’une phrase. Elle est partie au petit matin prendre son train et n’a jamais eu la fin de mes instructions !

Du camp des Milles où Nicole Salon passait les nuits à lutter, via Rivesaltes, Noé, Gurs, Septfonds et autres camps, sans oublier Vénissieux où l’équipe OSE a participé au fameux rapt des enfants dit « les enfants du cardinal Gerlier », nos oséens sont présents de jour et de nuit. (…) Personnellement, je pense que ce fut cette époque la plus éprouvante, nous devions marcher avec nos amis internés, eux montaient dans les wagons à bestiaux alignés au quai de Rivesaltes, et nous restions libres, quelle honte ! Pendant des années, j’ai été poursuivie par l’image d’une mère assise dans un wagon, tendant ses deux fillettes, me les tendant avec un regard de supplice et je ne peux pas les prendre et le train s’ébranle. »

A partir d’août 1942 et surtout après novembre 1942, elle continue à assurer la façade légale de l’OSE, au sein de la 3e Direction de l’UGIF, mais participe à l’activité clandestine du réseau Garel, sous le couvert officiel de l’Aide aux Mères, organisme charitable catholique de Saint-Étienne et d’un faux passeport salvadorien. Son travail consiste à organiser le départ des enfants des maisons et le maintient des relations avec les familles. Sous ses ordres, les assistantes sociales sont chargées du changement d’identité des enfants qu’elles confient ensuite à l’autre circuit, celui que Georges Garel a mis en place. Elles agissent donc à découvert jusqu’à la rafle du bureau de Chambéry, en février 1944, signal du passage à la clandestinité totale.  

En avril 1944, Andrée Salomon s’occupe personnellement d’un convoi d’enfants vers l’Espagne et la Palestine. 74 enfants de l’OSE embarquent sur Le Guinéa pour rejoindre de la famille, dont un groupe accompagné par Elisabeth Hirsch (Boëgi). Elle était chargé de centraliser l’action à l’arrivée en Espagne jusqu’à l’embarquement.

Organisatrice infatigable, sa vie se passe dans les trains, les hôtels et les cafés, ne faisant que de brèves apparitions à Clermont-Ferrand, Bergerac ou Agnac (Lot-et-Garonne), où vit le reste de sa famille proche.

. Après un passage en septembre 1944 au Comité des œuvres sociales de la résistance (COSOR), comme inspectrice auprès des enfants placés en milieu rural, elle dirige le service social de l’OSE et recrute les premières assistantes. Ce service embryonnaire est lié au « service Enfance » regroupant les maisons d’enfants et indépendant du service médico social. « Ce faisant, elle pose les bases d’un professionnalisme en service social fondé sur le traitement des déracinements  qui est en cohérence avec l’histoire ancienne de l’OSE et qui se révèlera utile lorsque les Juifs d’Afrique du Nord émigreront en France. Sa vision du métier articule la distanciation à l’empathie.»

Avant de partir, elle jette les bases du service du regroupement familial autour d’Eugénie Masour, indispensable pour retrouver les familles disloquées et dispersées par la guerre  et revient s’installer à Strasbourg où naît, en 1948, son fils Jean, mais elle reste membre du Conseil d’Administration. En 1951, elle s’installe à Paris avec son mari, anime avec Julienne Stern, la WIZO – France (organisation des femmes sionistes) et travaille aux « Bons de l’Etat d’Israël », organisme de placement de fonds.

En 1970, la famille émigre  en Israël. Elle meurt le 23 juillet 1985 à Jérusalem.

De très nombreux témoignages, dont certains ont été réunis en brochure par son ami fidèle, Raymond Heymann, et des citations dans tous les ouvrages traitant de la Résistance juive, rendent hommage au courage, à l’enthousiasme communicatif et à l’activité inlassable d’Andrée Salomon qui, par modestie, refusa toute décoration pour son activité durant l’occupation, alors qu’elle avait cent fois risqué sa vie en bravant les autorités de Vichy et la Gestapo.

Katy Hazan, Historienne   mai  2021

SOURCES : – Michèle Becquemin, Une institution juive dans la république, l’œuvre de secours aux enfants, édit. Petra, 2013, p.66 – Katy Hazan, Georges Weill, Andrée Salomon, une femme de lumière, Paris, FMS/Le Manuscrit, 2011 – Georges Garel, Le sauvetage des enfants juifs par l’OSE, Paris, FMS/Le Manuscrit, 2012

Annexe

Extraits de lettres tirées du livre d’hommage de Raymond Heymann

Docteur Joseph Weill : hommage à la dame de l’OSE

On ne peut pas écrire, ni à plus forte raison résumer, une note biographique de l’action multiple, inlassable extraordinairement féconde, d’Andrée Salomon. Sa personnalité échappe à toute systématisation. Aucune description ne saurait être hyperbolique. Elle ne saurait atteindre la réalité. Ce sont : son charme irrésistible ; la flamme de son regard toréador ; son cœur généreux qui coule ses effluves dans une volonté obstinée tendue vers les réalisations et les résultats, d’acier trempé et flexible ; son imagination créatrice, soudée à une mise en œuvre pratique et solide ; son courage souriant : son amour généreux embrassant la détresse ; son sentiment de responsabilité affiné ; son talent impressionnant d’organisation efficace ; l’art pédagogique accompli qui lui a permis de former de nombreux disciples – et je m’honore d’avoir été l’un d’eux – ont fait qu’Andrée Salomon est entrée vivante dans la légende. Elle a rempli maintes pages glorieuses et inédites dans le livre d’Histoire du peuple juif, en des temps particulièrement dramatiques. Partout elle a donné l’exemple. Elle s’est avancée, la première et souvent seule, jusqu’au dernier jour du feu d’artifice sanglant à travers les lignes du combat ; Par son action continue, son ascendant moral extraordinaire, elle a sauvé jusqu’à leur réinsertion dans une vie constructive, un nombre incalculable d’enfants et d’adolescents juifs arrachés parfois littéralement des griffes des sbires. Les enfants des enfants sauvés, cultivent aujourd’hui encore le souvenir vivant de son héroïsme tranquille.

C’est le plus sincère et reconnaissant hommage – qu’elle n’aime pas- qui puisse lui être rendu, à elle, la Dame de l’OSE.

Ma chère Andrée, Hélène Waysenson, une de ses filles adoptives

Tant de fois écrites et tant de fois déchirées ces quelques lignes ! Ces mots dessinés ne peuvent être qu’un pâle reflet de ce que je sens dans mon cœur et que je ne pourrais jamais exprimer ; pourtant, je ne peux pas garder le silence, il faut que l’on sache ce que tu as fait pour moi, il faut que tu saches ce que tu es pour moi.

J’avais 5 ans quant tu m’as fait sortir du camp de Rivesaltes, je ne m’en souviens pas, c’est l’histoire que l’on m’a racontée, tu m’as sauvé la vie comme tu l’as fait pour tant d’autres ; ce que je veux raconter c’est que des années plus tard au seuil de mes 20 ans, tu te souvenais de moi avec précision (ta mémoire, exceptionnelle), un ami commun nous ayant fait « retrouver » tu m’as sauvée un nouvelle fois, tu as sauvé « ma vie spirituelle », mon âme juive, tu fus à cet instant la mère idéale, celle qui donne des certitudes, tu devinais mes pensées ! Calmement tu as parlé, beaucoup parlé, avec chaleur, avec amour, avec générosité ; tu as donné ce jour là, un sens à ma vie, tu m’as empêchée de faire des bêtises.

Nous nous écrivions de loin en loin, je me suis mariée, nous venions à Paris plus souvent et ta maison est devenue un lieu de rencontre, tu continuais ton rôle de mère, nous enseignant à vivre avec les autres, nous introduisant dans la vie associative. Les années passées, des liens plus étroits se nouaient maintenant avec ta famille qui était devenue la nôtre, c’est alors que je situe mon troisième sauvetage.

Comment as-tu pu ? Sans tambour ni trompette, tu arrivas un jour chez nous à 1000 km de Paris, 3 jours de présence, de ta présence et toujours ces certitudes que tu dispensais sur le savoir, tu m’as redonnée « le souffle de vie ».

Ainsi, tu ne t’es pas contentée de sauver des personnes « physiques », tu as poursuivi le sauvetage après, tu es devenue pour moi la mère que je n’avais plus, tu écoutais, tu avais l’intuition de ce qui m’arrivait et depuis nous ne nous sommes plus quittées, tu es devenue la grand-mère de mes enfants et malgré la mer qui nous sépare aujourd’hui, le dialogue continue.

Je voulais par ces quelques lignes, témoigner de ce que tu es vraiment, une femme responsable, d’un courage extraordinaire et d’une rigueur remarquable qui m’a donné le « goût de vivre » et « d’entreprendre ». Je ne voudrais pas oublier de parler de ta tolérance et de ta patience, tu as le don d’apaiser, de ne pas jeter de l’huile sur le feu tout en disant la vérité et surtout, surtout, tu fais confiance, pour cela « chapeau ».

Pourrais-je te quitter sans parler de ton rire, je l’entends clairement loin de toi et il me donne la joie, ton sens de l’humour nous sonne encore.

Andrée « tu es épatante » et je t’aime.

Gaby Cohen, (Niny Wolff) Paris, juillet 1982

Au petit matin, sur des quais de gare gris et embrumés, inquiétants, dans la hantise du jour nouveau, on la rencontrait à la descente d’un train qui allait repartir et l’emporter vers Lyon, vers Limoges, cachée quelques brefs instants par la vapeur et les bruits de la locomotive et ressortant du nuage, fraîche, vive, rassurante, décidée, le sourire éclatant. Alors le miracle opérait, on était prêt à tout. Le convoi par ici – la liste par là-bas – le petit café derrière la place – pas d’hésitation. Andrée avait parlé. Tout devenait clair.

            En fait, je l’ai connue très tard. A l’époque, je vivais en maison d’enfants auprès des filles et des garçons qu’Andrée avait réussi, avec ses équipes, à arracher aux camps où leur famille était internée.

L’admiration, la quasi ferveur que, les très jeunes éducateurs que nous étions, éprouvions à son égard, nous assuraient d’une certaine manière qu’avec elle, on était là où il fallait être, et qu’on allait venir à bout de cet inextricable noeuds de dangers. Partir à Sète, à Béziers ou à Montpellier cela devenait évident.

            Après la guerre, plus tard, je la vois se souvenant de tous, de chacun, de détails infimes, sur le père, la mère des enfants sauvés.

            J’étais simplement éblouie. Je le suis restée.