Née le 25 août 1930 à Neuilly-sur-Seine, Annette Grumbach est à la fois une figure de l’action sociale, tant sur le plan de la profession que dans celui de la formation. Elle est également la représentante officielle de la France dans de nombreuses institutions internationales de l’action sociale. Elle est, entre autres, à l’origine de mesures d’humanisation des hôpitaux de l’Assistance Publique. Elle devient la directrice de l’Institut de Formation en Travail Social de l’APHP auquel on donnera son nom, après sa mort, survenue le 13 mars 2000.

Annette Grumbach est née le 25/8/1930 à Neuilly-sur-Seine d’un père négociant en tissu et d’une mère au foyer. À l’orée de la guerre, la famille, de confession juive, devra fuir suite aux mesures discriminatoires dont la communauté israélite fait l’objet. Elle s’installe à La Châtre en Indre. Annette est désignée comme une jeune fille à poigne et qui n’a peur de rien. A 14 ans, elle fonde un petit groupe de scoutisme qui vient en aide aux réfugiés. Elle fait déjà preuve de capacités organisationnelles et d’anticipation. Après la guerre, la famille retourne à Paris. Elle sait, d’emblée, qu’elle consacrera sa vie à aider les autres. Dès l’été 1946, elle effectue un stage au dispensaire de Saint Lunaire (35) puis se met, en 1948, au service de « La Nouvelle Étoile », association de protection de l’enfance fondée par Emmanuelle Gonse-Boas dont la fille Gisèle deviendra assistante sociale et s’impliquera dans le sauvetage des enfants juifs au risque d’y perdre la vie. Annette Grumbach remplace une des assistantes sociales en congé de maladie. Ce faisant, il lui importe d’être suffisamment qualifiée pour mener ses tâches assistancielles et obtient un Certificat de Secouriste délivré par la Croix-Rouge. Puis, elle entre à l’Ecole Pratique de Service Social (Paris). Dans ses travaux écrits, on devine rapidement sa volonté marquée de prendre en considération la dimension d’humanité du travail social. Dans un de ses devoirs daté du 5 février 1952, elle écrit : « …le service social doit être individuel et il faut avoir un maximum de connaissances et de compréhension de l’être humain. » Elle ajoute que le facteur psychologique de la relation avec l’usager doit prendre une place considérable. Dans un autre de ces devoirs, elle insiste sur les qualités « d’enthousiasme, de dévouement et d’amour du prochain » tout en encadrant celles-ci par un étayage technique.

Le parcours professionnel d’Annette Grumbach

Elle occupe un premier poste d’assistante sociale à l’Hôpital maritime de Berck, chargée, en plus, du développement et de la réadaptation des personnes en situation de handicap (ce qui était le sujet de son mémoire de fin d’étude) de l’organisation des études et des loisirs. Elle va mettre en place un système de billets de train collectifs pour permettre aux familles des patients de leur rendre visite le plus souvent possible. Ainsi, elle n’hésite pas à solliciter sa famille et son cercle amical pour compléter éventuellement les groupes de voyageurs pour parvenir au nombre requis et nécessaire à l’obtention d’un tarif attractif. Elle met également en place une bibliothèque participative et veille au bien-être de tout un chacun au moyen d’autres activités innovantes.
Elle est parallèlement membre de la Commission du Comité National contre la Tuberculose et chargée de cours au Centre International de l’Enfance. (CIE).

Annette revient sur la région parisienne et prend un poste d’assistante sociale, à partir de 1952, à l’Hôpital Bretonneau. Pendant trois ans, elle participe à un groupe de travail sur les conséquences du plein temps hospitalier des enfants du service de chirurgie infantile. De même qu’elle intègre un groupe de réflexion sur les carences en soins maternels. En 1958, Annette est chargée d’une étude sur la création de postes d’hôtesses d’accueil dans les hôpitaux. En 1960, elle devient directrice pédagogique de l’Ecole de Travail Social de l’AP puis directrice en 1973. En même temps, elle est cheffe du Service de l’Humanisation des hôpitaux tout en pilotant cinq programmes de développement à l’adresse des maternités et de la petite enfance, des patients atteints de troubles psychiatriques, des personnes en situation de handicap et d’un public âgé. Elle introduit la notion de « libre choix du malade » et alerte sur le fractionnement de leur prise en charge et de la segmentarisassions des services. Elle est aussi préoccupée par la qualité de la prise en charge des victimes de viols trop souvent traitées exclusivement sous un angle plus médical. Dans cette optique, elle devient secrétaire du premier Comité d’Ethique des Hôpitaux. De plus, elle insiste sur la nécessité d’un travail partenarial avec des acteurs extra muros de l’hôpital. Dans cette optique d’interactions professionnelles, elle dira : « Les assistantes sociales doivent avoir une grande culture générale et une grande ouverture d’esprit. La formation est une auberge espagnole, on y apporte ce que l’on veut et on en fait ce qu’on peut mais avec le souci d’ouverture, de vigilance, d’anticipation, de remise en question et surtout dans l’intérêt du client. La formation ne doit pas se faire en vase clos. » (Cité par Christiane Moussy, formatrice, lors de la journée « Annette Grumbach » du 26 avril 2001)

Par ailleurs, Annette Grumbach est membre du Conseil Supérieur du Travail social, du Conseil Supérieur de la Contraception et de la Régulation des Naissances. Elle est également chargée de cours à l’Université de Paris XII et au service de la formation permanente.

Son parcours de formation

En plus de son diplôme d’assistante de service social, Annette Grumbach est titulaire d’autres certifications : diplôme de médecine sociale (1954), formation en Case-Work (1957-1959), diplôme de Sciences Sociales à l’université de Connecticut (1959), Superviseuse sociale (1960), conseillère conjugale (1961), contrôleuse de gestion sociale (1975).
Il importe de s’attarder sur l’épisode américain du parcours de formation d’Annette. Elle obtient une Bourse Fulbright en 1959 qui lui permet d’étudier les Sciences Sociales et plus particulièrement le Case Work pendant un an à Connecticut. Elle est une étudiante investie et obtient d’excellents résultats lors des certifications : ses travaux sont pondérés par de nombreux « K » (Honors quality) et des « M » (Good quality). Elle rentre donc en France avec un solide bagage dans le domaine de la formation, mais aussi avec des capacités de représentativité de la profession qu’elle portera dans de nombreux pays étrangers.

Son parcours de représentation à l’international

Annette représente la France à l’Association Internationales des Écoles de travail social (IASSW) ainsi qu’au Conseil Européen du Travail sociale (ICSW) et à la Communauté Européenne du Travail Social. Elle est superviseuse française de l’Hôpital des Vétérans de New Haven, dans le Connecticut. Elle est chargée de la Division sociale de l’ONU où elle est souvent désignée comme animatrice et rapporteuse. Elle est membre du Groupe Européen du Cas Work. Mais elle ne s’arrête pas là et intègre l’Institut Européen de Recherches sociales de Vienne en Autriche et de Marcinelle en Belgique, dans le cadre de séminaires. Active au sein de l’OMS, elle est fréquemment force de proposition.
Le 23 septembre 1979, elle représente la France au Congrès annuel du Travail social à La Haye aux Pays-Bas qui réunit les protagonistes d’une réflexion sur l’action sociale de nombreux pays comme l’Inde, le Chili, l’Allemagne, les USA, la Turquie, l’Ouganda, la Suède, le Panama, la République dominicaine, Israël et beaucoup d’autres.

Annette Grumbach, une directrice d’école infatigable dans une équipe dynamique
Assistée par Maryse Hournarette, sa directrice-adjointe, Annette Grumbach n’aura de cesse de défendre la légitimité de l’école de l’Assistance Publique au sein de laquelle elle inscrit des valeurs d’éthique et de professionnalité. Néanmoins, l’école est en danger. L’APHP envisage sa fermeture en 1987 suite à la décision de l’Etat de ne plus apporter son soutien financier. Pendant plus de 2 ans, Annette Grumbach mènera un combat persuasif, voire offensif, pour sauver l’institut de Formation en Travail Social en interpelant les différents décideurs, et ce, à tous les échelons. Elle sera entendue et celui-ci continuera d’exister jusqu’en 2018, date à laquelle il fermera définitivement ses portes.

Annette Grumbach s’éteint le 13 mars 2000 après une longue maladie invalidante. Jusqu’au dernier moment, elle fera preuve d’une énergie qui force l’admiration de tous. Plusieurs périodes d’hospitalisation ne l’empêcheront pas de poursuivre ses tâches de directrice. Liliane Dreyfuss, elle-même ancienne élève assistante sociale de l’IFTS prendra la suite de cette « grande dame », dont elle louange les qualités « d’éthique et de conviction » dans un courrier à Nicole GRUMBAC, sœur de la défunte..

En 2001, l’APHP propose de donner le nom d’Annette Grumbach à l’IFTS. La cérémonie officielle aura lieu le 26 avril 2001 à L’UNESCO et réunira ses collaborateurs français, mais aussi internationaux.

Annette Grumbach demeure une référence dans le secteur médico-social et dans l’action sociale internationale. À l’annonce de sa mort, Antoine Durrleman, à l’époque, directeur général de l’APHP, souligne, dans un message du 22 mars 2000 « son ouverture d’esprit, son intelligence dans les situations difficiles, sa capacité à repérer les détresses et à imaginer des solutions, d’une force de persuasion pour les faire adopter qui ont fait d’elle une grande inspiratrice de la modernisation sociale des hôpitaux. »

VAHA Isabelle février 2023

Sources

  • Correspondances administratives APHP,
  • Courriers privés,
  • Documents universitaires de Connecticut,