Née en 1902, décédée en 1997 ; entreprend des études d’assistante sociale en 1935 ; assistante sociale chef du ministère de la Santé du Maroc en 1942, s’engage à Alger, en 1944, dans les Forces françaises libres, participe au débarquement en Provence et suit les troupes jusqu’aux combats dans les Vosges. En 1946, entre au service social de la Marine nationale et, en 1957, devient membre actif de la Conférence internationale de service social.

Geneviève d’Autheville a 33 ans quand elle entreprend ses études d’assistante sociale à l’École pratique de service social (Paris) d’où elle sortira major. Issue d’une famille bourgeoise, mariée à 19 ans avec un officier de marine avec qui elle a trois enfants, elle découvre le service social par l’intermédiaire d’une cousine de son père, madame Getting. Elle commence par faire des études d’infirmière, entre ses grossesses, puis entreprend ses études sociales et travaille bénévolement en milieu hospitalier auprès de Mme Getting, puis elle est assistante sociale chef du centre d’accueil des réfugiés à la gare de Bordeaux en 1940.

Se trouvant au Maroc en 1940, pour raisons familiales, elle met en place le service social sous couvert du ministère de la santé publique (docteur Gaud directeur). Le Maroc est alors sous protectorat français et elle fait venir de France des assistantes de service social et les installe auprès de médecins chefs de région relevant du ministère de la santé publique, sur l’ensemble du territoire, et crée des écoles ménagères, organise une formation d’auxiliaires sociales.

En 1942 elle devient officiellement assistante de service social chef du ministère de la santé. Dans tous les grands centres du pays elle met en place des équipes d’assistantes de service social avec des auxiliaires et des professeurs d’enseignement ménager et d’éducation sanitaire, des puéricultrices et des aides familiales.

30 centres de PMI construits, 135 postes d’assistantes de service social sont ainsi créés, auquel s’ajoute l’accueil des réfugiés venant de France, notamment des jeunes mineurs.

Souhaitant repartir en métropole, elle se voit proposer par le Docteur Aujaleu de prendre la direction du 1° groupe féminin qui débarquerait en France, ce qui la conduit à signer à Alger un engagement militaire : elle est rapidement promue lieutenant en tant qu’assistante de service social chef.

En aout 44, avec son équipe (24 personnes : 3 assistantes de service social, 6 infirmières et des secouristes) et une équipe de 25 médecins, elle part pour la France en avion. Le débarquement a lieu en Provence sur la cote varoise et  Saint Tropez, Toulon, Marseille sont progressivement libérés ;  les équipes sont présentes pour les premiers secours.

Alors que le Général de Lattre lui propose de créer le service social des armées, elle décline, et elle rejoint le 1° régiment des chasseurs parachutistes arrivé d’Italie et qui réclamait une antenne sociale.  Elle y remplit un ensemble de fonctions (infirmière, aumônier, cantinière, vaguemestre, officier d’état civil…), dans les Vosges, en Alsace (6 citations), et se trouve en première ligne, puis elle participe à la campagne d’Alsace et à la campagne d’Allemagne. Elle est affectée à la direction du service social des armées jusqu’en 1945.

En 1946, elle entre au service social de la Marine nationale et se spécialise dans les questions  médico-sociales. En 1948, le service social des armées fusionne avec le service social de la marine nationale, elle dirige ce nouveau service avec son adjointe Marie Thérèse Français.

Elle adhère au syndicat autonome des assistantes de service social créé par Mme Charbonnier.

Prenant une retraite anticipée en 1957, elle est nommée Secrétaire générale pour l’Europe et le Moyen Orient de la Conférence internationale de service social et fera 11 ans de mandats. Ceci l’amène à visiter tous les pays d’Europe ; elle crée des comités au Danemark, en Norvège, Suède, Espagne et Portugal, participe aux conférences en Asie, en Amérique du nord, et des séminaires pour les Nations Unies ; elle quitte ces fonctions en 1968 et devient conseillère internationale du Conseil international de l‘action sociale qui regroupe (1977) 70 comité nationaux et 27 organisations internationales. Nommée à l’unanimité et à vie, elle est la 1° femme et seule française à occuper ce poste.

Elle déclare toutefois à la fin de sa vie que, mère de 3 fils, grand-mère de 11 petits enfants et de 3 arrières petits enfants,  « c’est là, et de beaucoup, ce que j’ai fait de mieux dans ma vie ». Elle décède en 1997 à 95 ans.

SOURCES : Fonds Kniebielher / CEDIAS : témoignage de G. D’Hauteville, 1979. — Hommage de M.-T. Paillusson, RFSS, n° 188 1° trimestre 1998.

Nathalie Blanchard