Marie Jeanne Bassot, née en 1878, adhère à la Maison sociale en 1903 et devient résidente en 1906 malgré l’opposition de ses parents, qui l’enlève et la font interner. De retour à Paris elle porte plainte contre sa mère pour séquestration arbitraire. Après la dissolution de La Maison Sociale, elle devient la responsable de la résidente sociale de Levallois en 1910 dont elle assurera la présidence. En 1922 elle fonde la Fédération des Centres sociaux de France qu’elle préside jusqu’à sa mort en 1935.

Marie-Jeanne Bassot est née le 22 février 1878 à Paris. Elle est la seconde fille de Jean-Antonin-Léon Bassot (1841-1917), issu d’une vieille famille bourguignonne et d’Henriette Droz (1848-1928), née à Paris. Son père polytechnicien embrasse en 1863 une carrière dans l’armée. Géodésien et astronome dans le corps d’état-major, ses compétences scientifiques lui ouvrent les portes de l’Académie des sciences (1893), le conduisent jusqu’au grade de général de brigade (1899) et l’amènent à la présidence de l’Association géodésique internationale (1903).

L’éducation de Marie-Jeanne Bassot est l’objet d’une particulière vigilance de la part de ses parents et en tout conforme aux principes rigoureux que la haute bourgeoisie parisienne de la fin du XIXe siècle réserve à ses filles. Enfant, Marie-Jeanne a une vie insouciante et très heureuse. Affectueuse, elle fait le bonheur de ses parents. Instruite à la maison, elle reçoit un complément de formation dans un cours privé des plus respectables. Curieuse et intelligente, elle obtient brillamment, à 15 ans, son Brevet élémentaire puis se passionne pour le piano, les langues étrangères et lit beaucoup. Sociable, elle établit de nombreuses amitiés. Généreuse, elle se donne complètement à ce qu’elle entreprend. Respectueuse de l’autorité de son père, elle se soumet filialement à ses choix. Tout comme sa sœur aînée, elle est destinée au mariage.

Pourtant, Marie-Jeanne va s’écarter de son destin bourgeois. Jeune fille, elle avait perçu l’injustice des conditions de vie des pauvres, en leur rendant visite, sur le conseil de son aumônier. Femme, elle désire s’engager totalement pour venir en aide aux travailleurs parisiens. En 1903, dans un contexte sociopolitique anti-congrégationaliste, elle envisage pourtant de devenir sœur de Saint-Vincent-de-Paul, mais ses parents s’opposent à son projet. C’est alors qu’elle découvre le programme d’action de « La Maison sociale », association constituée tout récemment à Paris par Mercédès Le Fer de la Motte (1862-1933), ancienne religieuse oratorienne sécularisée : faire œuvre sociale et non pas œuvre charitable, apporter du lien plus que des biens. Ce nouveau mode d’action sociale dans les quartiers populaires est exigeant. Laïque mais d’inspiration évangélique, il réclame de ses adeptes de venir habiter en permanence auprès de populations prolétarisées et de construire avec elles des relations fraternelles, d’entraides et d’éducation, comme cela se pratiquait déjà dans les «settlements » anglais et américains. Marie-Jeanne se reconnaît dans ce don de soi désintéressé, condition de l’établissement de relations de confiance avec les familles ouvrières. Elle souhaite devenir « résidente sociale ». Elle a alors 25 ans. Enthousiaste, elle débute à temps partiel, comme « auxiliaire », dans l’une des premières Maisons sociales. Ses parents acceptent ce « dévouement » qu’ils pensent temporaire. Mais, lorsqu’elle souhaite s’engager totalement, en tant que « résidente » permanente, ils changent d’avis et s’y opposent. Pensant pouvoir les convaincre, elle sursoit sa décision. Mais, plus elle explique et insiste, plus ils pensent qu’elle se fourvoie et se laisse embrigader. Ne voulant plus renoncer à son choix de vie, Marie-Jeanne quitte la maison familiale en octobre 1906, sans l’accord de ses parents, et devient résidente à la Maison sociale de Montrouge. Début 1908, Mercédès Le Fer de la Motte l’envoie ouvrir, avec une résidente expérimentée, une nouvelle Maison sociale à Levallois-Perret, dans une banlieue particulièrement industrialisée. Ses parents, continuant à voir dans l’engagement de leur fille, folie et assujettissement, montent alors une cabale contre La Maison sociale et sa directrice. Parallèlement, le général Bassot dépose deux plaintes à l’encontre de l’association, l’une auprès des autorités religieuses pour entreprise hérétique, l’autre auprès des autorités civiles, l’accusant de reconstitution de congrégation clandestine. Ces actions ne faisant pourtant pas revenir leur fille sur sa décision, Mme Bassot organise l’enlèvement de sa fille et la conduit de force dans un hôpital psychiatrique à Genève. Là-bas, Marie-Jeanne Bassot n’aura pas de peine à manifester sa bonne santé mentale au médecin-chef de l’asile, qui la libère de suite. Elle rentre à Paris, auprès de ses consœurs résidentes.

Pour que sa liberté personnelle soit reconnue définitivement, Marie-Jeanne Bassot, en accord avec Mercédès Le Fer de la Motte, porte plainte à l’encontre de sa mère, pour séquestration arbitraire. Cet acte judiciaire, tout à fait surprenant en ce début du vingtième siècle, de la part d’une jeune femme « de bonne famille », fait scandale. Le procès, tenu en mars et avril 1909, occupe la une de tous les journaux parisiens. Le tribunal correctionnel de la Seine donne raison à Marie-Jeanne Bassot et condamne Madame Bassot au motif « qu’elle n’avait pas le droit d’employer la violence à l’égard de sa fille majeure pour la détourner de la voie qu’elle voulait suivre ». Quant aux plaintes déposées par le général Bassot, après des investigations de plusieurs mois, elles aboutissent toutes deux à un non-lieu. Ces affaires, cependant, portent gravement atteinte à la réputation de La Maison Sociale et provoquent démissions et suspensions de financements. Finalement, le Comité directeur de l’association doit se résoudre, en octobre 1909, à prononcer la dissolution de l’association et à fermer ses six Maisons sociales. Mercédès Le Fer de la Motte se retire alors de toute action directe. Pour Marie-Jeanne Bassot, ce conflit familial reste une grande douleur tout au long de sa vie mais ne l’amène pas à renoncer à son projet social.

En effet, elle entend redonner vie au projet de réforme sociale développé par les Maisons sociales, convaincue qu’elle est de sa nécessité et de sa pertinence. Commence alors, pour elle, à l’âge de 32 ans, un parcours d’initiatives sociales de plus en plus importantes qui, progressivement, lui donnera un rôle éminent dans le développement de l’action sociale en France. Moins de trois mois après la dissolution de La Maison sociale et la fermeture de toutes ses structures, elle s’établit à nouveau à Levallois-Perret, en février 1910, dans un petit logement ouvrier, rue Trézel. Sans l’appui d’une organisation préconstituée, telle celle de La Maison Sociale, sans moyens financiers propres, ayant été déshéritée par sa famille et seule, tout d’abord, elle reprend une action sociale de voisinage. Sur sa demande, elle est rejointe ensuite par Mathilde Girault (1883-1974), une collègue résidente des Maisons sociales ayant, elle aussi, souffert de l’opposition de sa famille. Pour financer le loyer et les premières actions engagées, toutes deux s’ingénient à gagner quelques ressources, à mi-temps, en donnant des cours, l’une de piano, l’autre de français.

Le développement de leur activité, le nombre croissant d’enfants, de jeunes et d’adultes accueillis, l’arrivée de deux nouvelles résidentes motivées par leur type d’action sociale, obligent les deux pionnières à déménager deux fois dans des locations plus grandes, rue Rivay (fin 1911), puis rue Antonin Raynaud (fin 1913) à Levallois-Perret. Cette attractivité n’allait pourtant pas de soi. Ni œuvre charitable, ni œuvre confessionnelle paroissiale, ni organisme de solidarité ouvrière, ni service municipal, le centre d’action sociale, sanitaire et éducative qu’elles animaient n’avait pas de légitimité préétablie.

Ce n’est qu’à partir de 1913 que Marie-Jeanne Bassot commence à disposer des moyens lui permettant de développer son projet global d’éducation populaire. C’est grâce à l’appui financier et moral d’une riche philanthrope américaine résidant à Paris, qui voit dans son action l’esprit des settlements américains, qu’elle peut louer une plus grande maison, au 32, rue Antonin Raynaud, non loin de ses implantations antérieures, et à proximité d’ateliers et d’usines toujours plus nombreux. Elle y habitera tout au long de son existence, avec les résidentes qui la rejoignent. C’est là et de là qu’elle déploiera, années après années, ses multiples initiatives.

Là déjà, elle peut recevoir ses voisins et, à son tour, leur rendre visite, pour prolonger la relation et, au besoin, leur être utile. Sur place, elle anime, avec le concours d’autres résidentes et de bénévoles, des garderies scolaires pour enfants, une bibliothèque, des cercles d’activités et d’études pour jeunes filles et jeunes gens ainsi que pour les adultes, notamment le « cercle des bonnes voisines » et, le samedi soir, elle organise des soirées familiales, riches d’échanges et d’apports culturels. Quant à elle, Mathilde Girault reçoit les malades dans une petite pièce aménagée sous l’escalier .C’est aussi en 1913 que Marie-Jeanne Bassot trouve les concours nécessaires pour constituer une association, qu’elle dénomme « La Résidence sociale », capable d’accréditer son projet d’action sociale et d’éducation populaire et de soutenir activement ses multiples actions.

Durant la Grande Guerre, Marie-Jeanne Bassot élargit son champ d’action à un moment où la population de Levallois-Perret vit d’importantes difficultés et de nouvelles souffrances. Elle crée ainsi un « ouvroir de guerre », dès le mois d’août 1914, permettant à des femmes d’être rémunérées pour la confection, à domicile, de sous-vêtements pour l’Intendance militaire. 3 à 4.000 pièces, chemises ou caleçons, sont ainsi livrées chaque mois. Elle ouvre aussi un Comité des « Amis des orphelins de la guerre » qui apporte un secours matériel et moral aux veuves de guerre et qui suscite entre elles une entr’aide amicale. Elle implante également une section d’assistance médicale et sociale pour les réformés n°2 de l’armée, qui le sont pour cause de tuberculose ou de maladie, sans percevoir de pension ni d’indemnité. Cette action peut, en effet, s’appuyer sur la section des Infirmières-visiteuses de France, ouverte à la Résidence sociale, dès 1916, par le Dr Louis Guinon (1868-1929) et Mathilde Girault.

Dans le même temps, Marie-Jeanne Bassot établit des relations avec de grandes organisations philanthropiques américaines qui se déploient alors en France, surtout à partir de 1917 : l’American Red Cross, la Mission Rockefeller, le Comité américain pour les régions dévastées (CARD), l’American women’s hospitals (AWH). Avec elles, elle constitue des coopérations et elle noue des amitiés durables avec leurs dirigeant.e.s. C’est ainsi que, par exemple, elle amène la fondatrice de l’American women’s hospitals (association de femmes médecins), Mrs Esther Pohl Lovejoy (1869-1967), à habiter quelques temps à la Résidence sociale et à découvrir le mode d’action qui s’y pratique. Celle-ci, rentrée aux USA en 1918, relate dans un livre ce qu’elle y a vue, ainsi que d’autres observations sur l’état sanitaire et social en France, ouvrage qu’elle intitule : The House of the good neighbor (La maison de la bonne voisine). C’est elle qui incitera Marie-Jeanne Bassot à venir aux Etats-Unis, fin 1919, pour visiter les settlements américains, y présenter l’action qu’elle mène à Levallois-Perret, y établir de nouvelles relations dont celle avec Jane Addams (1860-1935), la fondatrice influente du settlement Hull house à Chicago et y obtenir de nombreuses promesses de dons, qui se concrétiseront d’ailleurs l’année suivante.

Pour Marie-Jeanne Bassot, ce voyage ouvre une nouvelle page de son existence. Ce qu’elle a vu aux Etats-Unis du pouvoir de transformation sociale de plus de 350 settlements, non seulement la conforte dans la pertinence de l’action sociale globale localisée qu’elle pratique à Levallois-Perret, mais, surtout, l’incite à propager en France ce type d’action dans un maximum de quartiers populaires et en milieu rural. Dès lors, elle va mettre toute son énergie de quadragénaire à développer son action à Levallois-Perret et surtout, à mettre en réseau les œuvres sociales homologues déjà existantes en France et à en créer de nouvelles.

Tout d’abord, Marie-Jeanne Bassot conforte La Résidence sociale, d’un point de vue juridique, institutionnel et immobilier. Créée depuis 1913, l’association La Résidence sociale se déclare officiellement à la Préfecture de Police en mars 1920 et dans la foulée, dépose une demande de reconnaissance d’utilité publique qui sera obtenue en 1922. Une assemblée générale en avril 1920 constitue les instances associatives. Mme Louis Guinon-Lemerre (1868-1960) devient présidente et Marie-Jeanne Bassot secrétaire générale. Un Comité d’honneur et un Comité de propagande complètent le dispositif institutionnel.

Dans le même temps, Marie-Jeanne Bassot opère une opération foncière et immobilière d’ampleur. Elle constitue une SCI pour collecter les fonds nécessaires auprès de donateurs français et américains afin d’acquérir la propriété du parfumeur Antonin Raynaud (1827-1903), décédé depuis plusieurs années, et qui se trouve être limitrophe de la maison louée par La Résidence sociale depuis 1913. L’objectif est de disposer de locaux supplémentaires mais aussi, et probablement surtout, de bénéficier d’un parc de près d’un hectare, véritable oasis de verdure et d’oxygène, au beau milieu d’un entrelacs d’usines, d’ateliers et d’habitations, aux conditions déplorables d’hygiène. Le 31 mai 1920 y débute une garderie de plein air pour les enfants. Le 29 mai 1921 s’y tient une grande kermesse d’inauguration, associant vente de charité et distractions, fréquentées par plus de 2 300 personnes, gens du voisinage et de la bonne société philanthropique, locale et parisienne.

Simultanément encore, Marie-Jeanne Bassot entreprend des contacts avec des œuvres sociales qui sont implantées dans des quartiers ouvriers ou dans des zones rurales dévastées par la guerre et ayant des finalités et des modes d’actions homologues de ceux pratiqués à La Résidence sociale, et comparables à ceux des settlements anglo-saxons. Constatant leurs convergences, ces œuvres conviennent, en janvier 1922, de se fédérer sous une appellation commune, celle de centre social, de confronter leurs expériences et de préparer ensemble des contributions à la première conférence internationale des settlements organisée à Toynbee Hall, en banlieue londonienne en juillet 1922. La Fédération des centres sociaux de France, ainsi constituée, regroupe 12 associations, animant chacune un ou plusieurs centres sociaux, soit plus d’une quarantaine au total. Promotrice de ce réseau, Marie-Jeanne Bassot en deviendra la Secrétaire générale en titre lorsque la Fédération sera déclarée officiellement comme association en 1927 et elle le demeurera jusqu’à son décès en 1935. À la tête de la Fédération, tout comme de la Résidence sociale, elle incarne, formule et diffuse le mode d’action sociale et éducative du centre social. Avec l’aide de Marie Diémer (1877-1938), elle rédige, en 1927, un texte de référence sur les centres sociaux qui expose leur projet de réforme sociale, leurs actions et les dispositions à prendre pour leur expansion nationale. En 1932, une soixantaine de centres sociaux seront affiliés à la Fédération.

En tant que résidente et secrétaire générale, Marie-Jeanne Bassot développe des qualités personnelles, humaines, stratégiques et gestionnaires, dessinant ainsi les contours d’un métier nouveau, celui de « travailleur social ». Elle apporte son concours à l’Ecole d’action sociale « Pro Gallia », dès sa création en 1919 par Apolline de Gourlet (1866-1952), Marie Diémer et l’abbé Viollet (1875-1956). Elle y assure un cours sur « le rôle de la travailleuse sociale » et la Résidence sociale devient un lieu de stages pratiques et d’hébergement possible pour les élèves de province. En 1930, elle accueille à la Résidence sociale, avec l’aide de la Fédération des centres sociaux, l’école qui devient alors l’« École d’action sociale de Levallois », dont la vocation propre est de former, en deux ans, des travailleuses sociales du voisinage.  

Partisan d’une action sociale globale en lien personnalisé avec toutes les familles d’un même voisinage, Marie-Jeanne Bassot, dès 1927, met en question la multiplication de services sociaux spécialisés qui, chacun, et sans coordination, en viennent à sur visiter les mêmes familles et à bureaucratiser leurs interventions. Elle pense que leur action devrait se faire en accord avec le centre social puisque celui-ci connaît déjà les personnes et les familles concernées. C’est d’ailleurs ce qu’elle arrive à établir en 1935 avec la Caisse de compensation de la région parisienne et son service social dirigé par Madeleine Hardouin (1882-1960). La prévalence à accorder à une action sociale locale et familiale défendue par Marie-Jeanne Bassot s’enracine dans la relation de confiance progressivement établie avec la population. Elle suppose une indépendance du centre social et de ses acteurs à l’égard d’institutions qui peuvent être intrusives, quelles soient étatiques ou patronales. À cet égard, significative est le différend à propos des loisirs ouvriers que Marie-Jeanne Bassot a eu avec Juliette Delagrange (1880-1936), lors de la première Conférence internationale du service social à Paris en 1928. Elle soutient qu’« il vaut mieux que les ouvriers prennent leurs loisirs dans un organisme indépendant », tel que le centre social, plutôt que dans des structures initiées par leurs patrons et animées par des surintendantes, comme le valorise Juliette Delagrange.

Reconnue pour l’éminence de son travail social, Marie-Jeanne Bassot est cooptée en 1925 comme membre du Soroptimist-club, créé à Paris en 1924, club ne réunissant que des femmes, les plus représentatives de leur profession, soucieuses d’entraides mutuelles et de valorisation du travail féminin. Dès 1926, elle en devient la vice-présidente, puis la présidente de 1927 à 1929. Son féminisme s’exprime moins politiquement que concrètement. Partisan du vote des femmes, elle n’hésite pas, par exemple,  à faciliter l’adoption en 1923, par le cercle des « Bonnes voisines » de la Résidence sociale, d’un thème d’année sur le rôle de la femme française à travers l’histoire ou encore à recevoir, en 1924, à la Résidence sociale, Cécile Brunschvicg (1877-1946), présidente de l’Union française pour le suffrage des femmes, pour une causerie sur le vote des femmes auprès des membres de l’Association familiale de Levallois-Perret.

Dans ces décennies de l’entre-deux-guerres où se structurent et se professionnalisent l’action sociale et médico-sociale dans les pays occidentaux, les rencontres internationales se multiplient pour discuter et confronter les expériences pratiques et les formes institutionnelles. Marie-Jeanne Bassot y est systématiquement présente pour exposer l’action concrète, sociale et éducative, de la Résidence sociale et des centres sociaux. Elle imprime sa marque dans les quatre conférences internationales des settlements organisées de son vivant : 1922 à Londres, 1926 à Paris, 1929 en Hollande et 1932 à Berlin. De même, elle fait entendre ses conceptions sociales dans les conférences internationales du service social, en 1928 à Paris et en 1932 à Francfort. Robert Garric (1896-1967), dont les Equipes sociales s’activent notamment dans les centres sociaux, en témoigne : « Lorsque je l’ai retrouvée une fois de plus, en Allemagne, au Congrès de Francfort, alors j’ai vu l’autorité de Mlle Bassot : comme on l’écoutait de partout ! Comme de partout, d’Angleterre, des Etats-Unis, d’Autriche, tous les représentants qui étaient là, savaient qu’ils avaient à faire à quelqu’un qui, lorsqu’elle parlait d’œuvres sociales, avait travaillé elle-même, donné l’exemple, créé d’incomparables amitiés ».

Marie-Jeanne Bassot, atteinte d’un cancer, reste néanmoins, jusqu’au bout, à la tête de la Résidence sociale et de la Fédération des centres sociaux de France. Elle décède à Levallois-Perret, le 13 décembre 1935, alors qu’elle n’a que 57 ans.

HOMMAGES : le prix Léopold Davillier, décerné, en 1924, par l’Académie française — le prix Corbay, décerné, en juin 1927, par l’Académie des Sciences morales et politiques, associé à une rente viagère de 2.000 fr — la Légion d’honneur, décernée, en juillet 1932, par Justin Godart, Ministre. — la Médaille du Comité national de l’enfance, fin 1933. — à Levallois-Perret, une rue porte le nom de Marie-Jeanne Bassot, de 1937 jusque dans les années 1990, et ensuite un square. — le centre social de Sangatte (62) porte le nom de Marie-Jeanne Bassot.

BIBLIOGRAPHIE : Mlle Bassot, Mlle Diémer, « Les Centres sociaux », Les Cahiers du redressement français, n° 20, juin 1927., comprenant une annexe de 17 p. consacrée aux centres sociaux ruraux. Republié par la Fédération des centres sociaux de France dans sa revue Ouvertures, série Repères, n° 6-7, 1991-1992, p. 3-27, consultable sur Gallica, site de la BNF.

SOURCES : Juliette Droz, « La Résidence sociale », L’Assistance éducative, n°166, septembre 1920, p. 207-210. — Marie-Jeanne Bassot. 1878-1935, brochure nécrologique, 19 p., s.d. (probablement 1936). — Sylvie Fayet-Scribe, La Résidence sociale de Levallois-Perret. Naissance des centres sociaux en France, Toulouse, Editions Érès, 1990. — Brigitte Bouquet, « L’Œuvre sociale. Analyse des représentations et des enjeux à travers le procès de Marie-Jeanne Bassot » in Dominique Dessertine, Robert Durand, Jacques Éloy, Mathias Gardet, Yannick Marec, Françoise Tétard, Les centres sociaux 1880-1980. Une résolution locale de la question sociale ?, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2004, p. 29-36. — Robert Durand, Histoire des centres sociaux. Du voisinage à la citoyenneté, Paris, Syros, 1996.

Jacques Éloy