Née en 1924, Gaby Cottenceau fait ses études à l’Ecole Normale Sociale de Paris, passe le diplôme d’infirmière en 1958 et celui d’assistante sociale en 1960. Elle part en 1963 en Algérie où elle commence à travailler dans un centre médico social d’Hussein Dey puis exerce dans plusieurs institutions. Après sa retraite en 1977, elle continue à résider en Algérie où elle décède en 2001

Gaby Cottenceau  est née le 31 décembre 1924 à Saint Hilaire du Bois dans le département du Maine-et-Loire (49). Son père, Henri était maçon, sa mère, Gabrielle née Martineau couturière. Trois frères arriveront après elle, Henri, Bernard et Paul Tous décédés. Henri aura 6 enfants. Un des fils, André reprendra l’entreprise familiale de tailleur de pierre ainsi que son fils Etienne.

Jeune, elle aide sa mère en couture. Elle souffrait d’une luxation congénitale de la hanche. En 1948, elle part à Paris rejoindre des amies chrétiennes de l’institut Notre Dame du Travail. En 1958, elle passe le diplôme d’infirmière et en 1960, celui d’assistante sociale à l’École Normale Sociale dirigée par Hélène Naegelen.

C’est en 1963 qu’elle part pour Alger avec une amie infirmière. 

 A Alger, elle commence à travailler comme assistante sociale au Centre Médico-Social de la Glacière (Hussein-Dey). Elle y donne des cours d’enseignement général et des formations variées (couture, entretien ménager, soins infirmiers…). Elle participera aux conseils d’administration avec les parents et les formateurs.

En 1968, Gaby est embauchée comme salariée assistante sociale du personnel, à la Présidence du Conseil située Rue Tancrède à Alger. Elle y restera 5 ans.

En 1973, elle travaille au Centre Médico-social de la SNTA (Société Nationale des Tabacs et Allumettes d’Algérie) jusqu’en 1984. En même temps elle donnait sa contribution au service social installé dans la Casbah d’Alger, à la Maison de Ben Cheneb. Gaby assurait aussi un enseignement à l’École Paramédicale de Parnet avec une part importante dans la formation des premières générations d’assistantes sociales algériennes.

 Elle partage sa maison mais aussi ses finances et vit avec sobriété, n’écoutant que son cœur et pas toujours son entourage.

Parallèlement, elle dispense des cours au Centre d’Hussein Dey comme bénévole (Législation sociale…) de 1964 à 1979. Elle sera vacataire jusqu’en 1984.

En 1985, elle prendra sa retraite mais restera en Algérie jusqu’à son décès le 28 Octobre 2001 à 77 ans.

Pendant de très nombreuses années jusqu’à la fin de sa vie, elle est très active dans l’association Rencontre et Développement : CCSA (Comité Chrétien pour le service en Algérie).

Cette association défend la cause des réfugiés Sahraouis à Tindouf. Pour Gaby, cela a été son plus grand combat. « Elle s’est adonnée, de façon constante et inlassable, durant toute sa vie, à promouvoir ses idéaux de justice, de tolérance et d’humanisme » Voilà ce que dira d’elle l’ambassadeur de la République Arabe-Sahraoui, Monsieur Malainine Sadik.

L’association prenait en charge aussi les personnes en difficulté : les Algériens expulsés de France, les couples de mariage mixte et d’autres causes humanitaires. Beaucoup de jeunes africains viennent en Algérie pour faire des études, elle soutiendra ces « jeunes pays » (sortant aussi de la colonisation). Elle se rendra sur invitation au Zimbabwe. 

Gaby a été la secrétaire de cette association durant toutes ces années.

Gaby a vécu dans le quartier de Bab El Oued de nombreuses années : Le journal « Le Soir d’Algérie » dans un de ses articles du 21 novembre 1991 sur « La Femme de la semaine » mettra comme titre « Gaby de Bab El Oued » et dira d’elle : « Par une belle journée de l’an 1963, une jeune femme de nationalité française, Gabrielle Cottenceau, 38 ans, un cœur bourré d’amour et de générosité débarqua chez nous, « sans idées préconçues et sans rien connaitre du pays » dira-t-elle. Elle était venue prêter aide et assistance à ce jeune pays, fraichement décolonisé et qui de par sa situation particulière justement, avait un besoin pressant de formateurs et de bonnes volontés pour s’en sortir. Ne craignait-elle pas la réaction, somme toute légitime de la population ? Non, répondit-elle, c’est ma foi en Dieu et dans les hommes qui m’a fait venir. »

Ses amis diront d’elle que c’était « une femme de la rencontre ».

Elle participera aussi de façon active à l’animation de la communauté chrétienne.

De tempérament chaleureux, simple, jovial et accueillant, audacieuse mais toujours discrète, elle semblait n’avoir peur de rien, elle se sentait bien en Algérie. A la question de savoir ce que sa vie en Algérie lui apporte, elle dit : « Mon séjour m’a fait découvrir d’autres mentalités, d’autres cultures, qu’un occident trop replié sur lui-même n’aurait pas pu me faire. Connaître ce contact, les échanges de part et d’autre m’ont beaucoup apporté sur le plan humain et si je n’ai pas opté pour la nationalité algérienne c’est uniquement pour ne pas usurper, j’ai trop de respect pour ce peuple… »

En 1991, elle reçoit la Médaille de l’ordre National du Mérite.

Écoutons le Pasteur Hugh Johnson nous raconter lors de ses funérailles le déchirement de Gaby de quitter son quartier de Bab El Oued :

« Même quand les choses ne vont pas bien dans son quartier de Bab El Oued, même quand les assassinats de religieux et religieuses affligent la communauté, elle s’accroche à son service de l’humanité. Elle ne sait guère dire « Non ». Je la supplie un jour de venir habiter plus près de ce bureau (CCSA) dans les locaux de l’Eglise Protestante où elle reçoit à longueur de journée. Cette fois-là, il faut étayer la supplication par l’affirmation qu’elle nous rendra ainsi service. Comme ça, elle sera plus souvent à l’heure ! Tout en ayant déménagé, elle restera attachée à Bab El Oued, son quartier. Quand André M.   (Un ami) viendra retrouver l’Algérie, pays de sa naissance et de son enfance, elle l’invite à visiter Bab El Oued où il est né. Quand elle est au volant, vous savez…André revient de cette visite, émerveillé et la foi en Dieu renforcée, car, dit-il : « J’ai vu la mort en face ! ».

Elle aura le souci aussi des jeunes de son quartier et participera à la création dans les années 1980 de l’association pour les jeunes SOS Bab El Oued. Cette association qui est soutenue par Caritas Algérie a des activités culturelles et de loisirs pour les jeunes et les enfants : « Toutes les sensibilités doivent vivre ensemble ». Cette association existe toujours.

Ce que nous retenons d’elle, c’est sa spontanéité, son contact chaleureux, son rire accueillant, sa ténacité, son amour pour le peuple algérien et pour sa terre natale

Tous les ans sa famille l’attendait avec « patience » ne sachant ni le jour ni son heure d’arrivée.  Ses neveux et nièces étaient toujours très heureux de partager de bons moments avec « Tatie d’Algérie ». A l’écoute de ce que chacun vivait, son rire enchantait nos rencontres ! 

Ses funérailles furent faites en Algérie avec une évocation de sa vie par des amis algériens mais aussi des responsables et des membres des communautés catholiques et protestantes. Le 3 novembre 2001, lors de ses obsèques en France à Saint Hilaire du Bois toute sa famille, de nombreux amis, étaient présents ; des amis d’Algérie sont aussi venus avec de la « terre d’Algérie » qui fut mise sur son cercueil en terre.

Pour finir voilà ce qu’écrit le journaliste de la Semaine Religieuse d’Alger : « D’autres témoignages ont été aussi donnés pour évoquer la source de laquelle Gaby tirait son énergie : sa foi et son appel intérieur à vivre en même temps la Présence de Dieu et la Présence aux frères ».

                                                                Yvette Badéro  19 Mai 2021 

SOURCES : – archives Institut séculier Notre Dame du travail  -entretiens avec des membres de sa famille et des proches