Née le 28 mars 1895 à Marseille (Bouches-du-Rhône), décédée le 11 novembre 1941 ; formation de promotrice à l’École normale sociale ; une fondatrice du scoutisme féminin (1924-1933) ; directrice de l’École de service social de Provence dont elle assure le développement.
Anne Marie de Demandolx-Dedons est née à Marseille le 28 mars 1895. Son père, le comte Pierre de Demandolx-Dedons, appartient à une vieille famille de l’aristocratie provençale et sa mère, Madeleine Roux est fille d’un riche bourgeois marseillais, Victor Roux et d’une descendante d’une famille aristocratique provençale Gabrielle de Jessé. Sa famille est catholique et elle est en lien avec divers organismes catholiques. Sa mère est membre d’une association d’assistance et d’éducation, l’Entraide féminine, et sa tante, Agnès de Jessé-Charleval sera la fondatrice de l’Abri Maternel. Née avec une grave insuffisance cardiaque, elle n’est pas scolarisée dans une institution, elle a une institutrice qui suivra l’ensemble de sa scolarisation avec l’aide d’une préceptrice durant ses études secondaires. Elle passe son enfance et son adolescence entre l’hôtel paternel rue Sylvabelle à Marseille et la propriété familiale du Château-l’Arc dans les environs de Marseille. En 1913, à l’âge de 18 ans, elle déclare ressentir une vocation religieuse, elle envisage d’entrer chez les petites sœurs de l’Assomption mais son état de santé le lui interdit.
En 1915 avec son amie Georgette des Isnard (les deux familles sont proches) elle assiste, dans le cadre d’une retraite organisée à la paroisse Saint Joseph, à un prêche du jésuite Antonin Eymieu, qui est un des piliers de l’Ecole Normale Sociale et fondateur, avec Aimée Novo et Andrée Butillard, de la congrégation Notre Dame du Travail. Suivant l’exemple de son amie Georgette des Isnards, elle s’engage dans « l’apostolat ouvrier » organisant des patronages dans les quartiers populaires.
A l’automne 1918, elle quitte Marseille pour entrer comme élève promotrice à l’Ecole Normale Sociale (Paris). C’est Antonin Eymieu qui l’a orientée vers l’ENS, comme il a orienté Georgette des Isnards. En raison d’un problème cardiaque, elle quitte l’ENS au bout d’un mois pour rejoindre sa famille à Marseille, où elle reste jusqu’au 5 mars 1919, date à laquelle elle repart pour l’ENS et intègre la congrégation Notre Dame du Travail (qui devient en 1947 Institut séculier Notre Dame du Travail) le 9 mars 1919. En parallèle avec sa formation de promotrice, elle encadre, sous le vocable de « grangère » les activités de loisir, de formation professionnelle et d’éducation religieuse d’une équipe d’une vingtaine de jeunes apprenties de la couture dans le cadre du « Printemps ».
Cette structure organise les apprenties et participe à la mouvance de l’ENS, au sein de l’Association féminine pour l’étude et l’action sociale (AFEAS). Le « Printemps » organise l’été des colonies de vacances à Beaumesnil (Eure) dans une maison de repos fondée par le jésuite Joseph de Maistre. Anne Marie de Demandolx-Dedons assure la responsabilité de la maison durant les séjours des colonies de vacances.
Suite à un rapport d’Andrée Butillard sur un rassemblement de cheftaines encadrant des « louveteaux », l’orientation vers un scoutisme féminin est préconisée. Du fait de son expérience avec les équipes du « Printemps », Anne Marie de Demandolx – Dedons est sollicitée pour mettre en œuvre cette orientation. Elle devient membre de la Fédération nationale des Guides de France, présidée par Mme Duhamel et fondée en 1923, dont elle a la carte numéro 5.
En 1924, Anne Marie de Demandolx-Dedons fonde essentiellement avec des jeunes ouvrières de la couture, une compagnie dont elle est cheftaine, la « Quatrième Paris ». D’autres compagnies, au départ sur une base professionnelle, se créent sur Paris. Anne Marie de Demandolx-Dedons devient commissaire du district de Paris Centre et secrétaire générale de la Fédération des guides. De 1928 à 1933, en même temps que son activité dans le guidisme, elle assure la direction de la maison de repos de Beaumesnil, devenue préventorium. Quittant la direction de cet établissement et le guidisme, elle rentre à Marseille en 1933.
À Marseille son amie Georgette des Isnards a mis en place et développé des activités inspirées par l’ENS. Elle avait fondé une section locale de l’AFEAS en 1920, mis en place « Le Printemps » pour les apprenties en 1922 et la section des Bouches-du-Rhône de l’Union Féminine Civique et Sociale en 1925. En 1928, elle crée l’École sociale féminine de Provence qui organise des cycles d’études sociales. En lien sera aussi créée une École d’Enseignement Ménager. Georgette des Isnards meurt en juillet 1930, sans que personne ne la remplace à la direction des œuvres créées. La succession sera prise par Anne-Marie de Demandolx-Dedons. Elle assure le poste de directrice de l’école, devenue « École de Service Social de Provence » (ESSP) dont elle assure le développement en ouvrant des formations aux carrières sociales. Une formation de jardinières d’enfants est ouverte, ainsi que celle de professeur d’enseignement ménager, bientôt suivie en 1937, par une formation de secrétaire et, en 1940, l’agrément est obtenu pour la formation des assistantes sociales.
Cette même année, une formation d’auxiliaires sociales est également lancée. Elle ne limite pas son rôle à la direction de l’École, elle rayonne sur les œuvres sociales de Marseille : elle est élue, en 1937, secrétaire générale de l’Office central des œuvres de bienfaisance et d’entraide de Marseille. En 1939, elle est la seule femme parmi les 15 personnalités, nommées par le préfet pour être membre du comité des œuvres de guerre. En 1941, son état de santé s’aggrave fortement. Le 29 septembre 1941, victime d’une embolie, elle est hospitalisée. Atteinte par la gangrène, elle est successivement amputée des deux jambes. Elle décède le 11 novembre 1941 à l’âge de 46 ans.
SOURCES : Académie de Marseille, Dictionnaire des Marseillais, notice d’Eliane Richard, Aix-en-Provence, Edisud, 2003. — « Marseillaises vingt-six siècles d’histoire », notice d’Eliane Richard. Aix en Provence, Edisud, 1999. — Site Scoutopédia. — Marguerite PERROY, Dans la lumière de Rerum Novarum, Georgette des Isnards, Paris, Editions SPES, 1933. — Francis VINCENT, Anne Marie de Demamdolx-Dedons apôtre sociale, aux origines du guidisme français, Paris, Bonne Presse, 1949.
Henri Pascal